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Thomas Carrier-Lafleur, Une philosophie du « temps à l’état pur » : l'autofiction chez Proust et Jutra, Paris/Québec, Librairie philosophique J. Vrin / Presses de l’Université Laval, 2010, 215 p., (« Zêtêsis : esthétiques »).

Cette étude s’inscrit dans la lignée des travaux sur l’autofiction. L’approche méthodologique en est une d’intermédialité littéraire et cinématographique sous l’éclairage conceptuel de la poétique et de la philosophie. Les deux objets d’étude sont le film À tout prendre (1963) du cinéaste Claude Jutra et le roman À la recherche du temps perdu (1913-1927) de Marcel Proust, cité par le cinéaste à un moment clé de son long métrage. Proust convie la philosophie, et plusieurs penseurs ont répondu à l’appel : Henry, Kristeva, Merleau-Ponty, Ricardou, Ricœur, Sartre et bien d’autres, dont Gilles Deleuze – aux travaux duquel ce livre est particulièrement attentif –, dans un premier temps, par son ouvrage Proust et les signes ; dans un deuxième temps, par ses deux écrits sur le cinéma, Cinéma 1 et Cinéma 2, respectivement sous-titrés L’image-mouvement et L’image-temps. L’" image-temps " s’est justement construite à même la matrice proustienne, à partir de l’expression " un peu de temps à l’état pur ", formule qui précède le passage du Temps retrouvé que Jutra incorpore dans À tout prendre. Le nouveau rapport au temps que met en lumière l’image-temps deleuzienne est ainsi redevable à l’esthétique d’À la recherche du temps perdu. C’est aussi grâce à cette filiation proustienne que Jutra a fait d’À tout prendre un film d’image-temps. Le présent essai s’emploie ainsi à démontrer qu’À la recherche du temps perdu est une autofiction, tout comme, par une secrète correspondance, À tout prendre, un film proustien donc, qui, par une remarquable inversion de la temporalité, révèle, philosophiquement, un côté Jutra de Proust et, radicalement, une commune expérience autofictionnelle du pouvoir créateur de l’art, seul capable d’engendrer le je véritable et la richesse surréelle de son monde.

Thomas Carrier-Lafleur, « Proust et l’autofiction : vers un montage des identités », @nalyses, vol. 5 / 2, 2010, p. 1‑25.

À la recherche du temps perdu est l’histoire d’une crise identitaire, celle d’un sujet qui souhaite écrire, mais n’y arrive pas. Au Temps retrouvé, c’est la révélation finale : le narrateur a enfin compris certaines lois, qu’il devra observer et traduire avec son « télescope », c’est-à-dire avec son œuvre d’art entendue comme instrument ou comme machine. Ainsi, le personnage proustien est contraint à créer un dispositif original pour parler de soi, une nouvelle herméneutique du sujet, ce qui fait de la Recherche la première vraie autofiction avant la lettre. L’autofiction proustienne, par son travail sur notre « moi profond », combat la crise identitaire et le nihilisme pour proposer un nouveau montage des identités.

Teresa Dobson, Michael E. Sinatra, Stan Ruecker[et al.], « Citation Rhetoric Examined », Proceedings of the 2010 Digital Humanities Conference, 2010, p. 7‑10.

In his influential monograph «The Rhetoric of Citation Systems», Connors (1999) elaborates on the principle that scholars working with different forms of citation find themselves thinking differently, since the citation format has natural consequences in the way it interacts with the material in the practice of the writer.

Ghislaine Chartron, « Scénarios prospectifs pour l’édition scientifique », Hermès, La Revue, 2010, p. 123‑129.

Cet article s’intéresse au marché de l’édition scientifique et à son évolution dans le cadre de l’Internet et du développement du libre accès. Il s’attache à montrer la diversité de ce marché en fonction des champs scientifiques, notamment par le type d’éditeurs impliqués, les lectorats concernés, les économies associées. Il met en exergue le nécessaire discernement de ces marchés face aux critiques générales de dysfonctionnement soulignées. Il pointe certains effets contrastés du numérique conduisant à certaines reconfigurations paradoxales. Enfin, la vision prospective sur le devenir de ce marché insiste sur la pluralité des modalités de progression vers le libre accès, le poids de la dimension politique et celui des processus d’évaluation de la recherche. La voie d’un partenariat public-privé est privilégiée au regard de certaines valeurs centrales : indépendance, qualité, accessibilité et pérennité des publications scientifiques.

Lev Manovich, Yann Beauvais et Mark Tribe, Le langage des nouveaux médias, trad. Richard Crevier, Dijon, France, les Presses du réel, 2010, 605 p.

Marin Dacos et Pierre Mounier, L’édition électronique, Paris, France, la Découverte, 2010, 126 p.

"Que devient la « galaxie Gutenberg » à l'heure d'Internet ? Après la musique et le cinéma, les interrogations se multiplient à propos du texte imprimé. Car, imprimé, le texte l'est de moins en moins. Du côté de la presse écrite, les tirages diminuent au profit de la consultation des sites Web que les journaux alimentent en temps réel. Du côté du livre, les supports de lecture électronique, liseuses, smartphones et autres Kindle font leur apparition. Pire : l'ogre Google promet de numériser la quasi-totalité des œuvres disponibles, annonçant la dissolution du livre dans un gigantesque système d'information dont il serait le seul maître. - À l'heure où l'imprimé prend son virage numérique, cette synthèse fait le point sur la question. Elle tente de décrire la diversité des pratiques - depuis Google Books jusqu'aux blogs BD en passant par les revues scientifiques, les livres numériques, l'encyclopédie Wikipédia ou le journalisme citoyen - en proposant une typologie structurante pour le champ et en faisant un effort de définition jusqu'ici négligé. C'est donc bien l'émergence d'un nouveau métier en cours de formation qu'annoncent ses deux auteurs : l'édition électronique n'en est qu'à ses débuts, mais les premiers jalons sont déjà posés". (4ème de couv.)

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