Digital space
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This paper is the result of eight years of work on the concept of editorialization that was done in the context of the international seminar “Écritures numériques et éditorialisation”, which I have been co-organizing with Nicolas Sauret since 2008. I propose a definition of editorialization as the set of dynamics that produce and structure digital space. These dynamics can be understood as the interactions of individual and collective actions within a particular digital environment. Starting from this definition I try to describe how authority works in digital space.
Du pornographique au numérique : homologie normative dans deux espaces contraints. La pornographie subvertit les règles de notre « espace principal » : elle implique ainsi la production d’un espace autre, celui que Foucault appelait « hétérotopie ». Beatriz Preciado a déjà souligné cet aspect en proposant le terme de « pornotopie ». L’hétérotopie est un espace réel mais parallèle à « l’espace principal » où se déroule la majorité de la vie sociale. [...]
Pour ceux qui suivent les pistes de la recherche menée depuis plusieurs années autour des enjeux sociaux-politiques de la technologie par Dominique Cardon, ce dernier ouvrage était très attendu et marque l'achèvement temporaire d’une réflexion visant à déchiffrer la logique des algorithmes (en interprétant les rêves) qui s’annonçait dans les travaux précédents. [...]
Le constat duquel part notre idée de colloque est très simple : tout le monde s’accorde à dire que la réflexion sur le numérique est une priorité, mais l’on est encore loin d’avoir une définition précise des méthodes pour développer cette dernière, des œuvres et des auteurs à considérer comme référents dans ce domaine et d’un langage qui puisse être partagé par la communauté des chercheurs et compris par le grand public. L’analyse du monde numérique doit donc être en premier lieu une réflexion sur la culture numérique et non seulement sur les outils. Pareillement, avec le changement des supports, des modalités de publication, des mécanismes de visibilité, d’accessibilité et de circulation des contenus, c’est l’ensemble de notre rapport au savoir qui se trouve remis en question. Il est nécessaire de mettre en place une recherche qui puisse avoir une fonction structurante dans le développement d’une théorie et d’une pensée du numérique mais aussi dans l’implémentation de nouveaux outils de recherche et de visualisation conçus pour les humanités. Le numérique touche désormais l’ensemble de notre vie. Nous vivons dans une société numérique et dans une culture numérique. Les transformations qui ont engendré ce monde numérique se sont produites très rapidement et n’ont pas laissé le temps de développer une réflexion structurée capable de les comprendre. Il est impératif de créer au plus vite des repères théoriques permettant de situer notre culture numérique par rapport à notre vision du monde et aux catégories conceptuelles qui ont structuré nos valeurs, nos traditions et notre imaginaire.
Cet article essaie d’analyser la définition de “littérature électronique” donnée par l’Electronic Literature Organization et de comprendre le rapport entre littérature électronique et littérature numérique. La thèse défendue ici est que ce changement d’adjectif cache un changement du statut théorique de l’objet que l’on essaie de définir. Il y a encore quelques années, la définition de la littérature électronique s’axait sur les outils utilisés pour produire les œuvres littéraires et les analyses critiques se concentraient alors sur des objets produits à l’aide de nouvelles technologies. Le passage à l’adjectif “numérique” détermine un changement de perception : désormais, on se réfère davantage à un phénomène culturel qu’aux outils technologiques et, dans cette perspective, l’enjeu n’est plus d’étudier les œuvres littéraires produites grâce à l’informatique, mais de comprendre le nouveau statut de la littérature à l’époque du numérique. Pour démontrer cette thèse, l’article propose l’analyse d’un exemple littéraire récent : la trilogie 1984 d’Éric Plamondon.
On ne peut pas parler d’édition numérique sans approfondir le sens du mot « numérique » lui-même. L’édition numérique fait partie d’une série complexe de pratiques qui jalonnent désormais notre quotidien. Une réflexion théorique à propos de ce mot est indispensable pour pouvoir comprendre les caractéristiques structurales des nouvelles pratiques éditoriales et leur rapport avec la dimension de plus en plus numérique de l’ensemble de notre culture. Ce chapitre a l’ambition de clarifier la signification d’un mot omniprésent dans notre langage dans le but de développer un esprit critique par rapport aux caractéristiques spécifiquement « numériques » des modèles actuels de production et de circulation des contenus.
L’apparition du numérique a entraîné ces dernières années une transformation profonde des modèles de production et de circulation des livres, qui ont peu changé depuis le XVIIIe siècle. Le web, en particulier, a provoqué une remise en question du sens même du partage des connaissances : d’une économie de la rareté, nous sommes passés à la surabondance. Auparavant, une poignée d’institutions centralisatrices, privées et publiques, étaient garantes du choix, de l’évaluation et de la distribution des contenus ; aujourd’hui, il n’y a plus de systèmes de légitimation, ou alors ils sont déstructurés. Après avoir fait le constat de la crise de ces modèles et de la difficulté d’en proposer de nouveaux, ce livre présente les enjeux et les défis complexes du nouveau monde de l’édition numérique.
Perception et virtuel; les deux termes qui composent le titre de ces pages peuvent sembler dans un premier temps les membres d'une opposition ne trouvant aucune synthèse. D'une part il y aurait la matérialité concrète de la perception, clé de tout rapport que nous pouvons avoir avec le monde; de l'autre l'abstraction, l'immatérialité, la fatuité du virtuel. On pourrait penser que si la perception rend touchable l'intouchable, le virtuel, tout au contraire, rend intouchable le touchable. Mais à bien considérer ces deux termes, s'ils sont membres d'une polarité, ils le sont à la façon de deux aimants qui se repoussent d'un côté, et s'attirent de l'autre. Le but de mon discours sera de jouer avec ces deux mots afin d'approfondir leur structure et de prendre en compte leurs croisements, leurs entrelacements, leur chiasme.
Le web est un espace d'action. Cette affirmation pose tout de suite une série de questions : en premier lieu, quelles sont les actions sur le web? On pourrait, en effet, être tenté de considérer le web comme un simple outil de communication : le web serait un média comme la radio, les journaux ou la télévision, mais un peu plus complexe techniquement et, en plus, caractérisé par le fait que la communication est bidirectionnelle - à savoir, chaque récepteur est aussi un émetteur. [...]
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