Le présent article sera divisé en deux temps, qui communiquent dans la mesure où ils développent le même problème à partir de deux points de vue connexes. Premièrement, il sera question de la pensée littéraire que déploie l’entreprise archéologique du « premier » Michel Foucault (soit du milieu des années 1950 jusqu’à la publication de Les mots et les choses en 1966). L’intérêt de cette pensée réside en sa tentative de rendre simultanée autant une archéologie du savoir qu’une archéologie littéraire, dans la mesure où les œuvres de la littérature, plutôt que de reproduire « l’état des signes », viennent y ajouter un incommensurable mystère. On trouve ainsi chez Foucault l’idée que la littérature à l’ère de la modernité représente un mystérieux appel du « dehors » – c’est-à-dire de l’être pur du langage, lieu aussi paradoxal qu’insituable –, que l’écrivain devra instaurer au sein de sa propre existence. Dans un deuxième temps, seront analysées à titre d’illustrations critiques les entreprises littéraires contraires mais complémentaires de Proust et de Cendrars, en ce qu’elles permettront de mettre en relief ce « mystère » dont la littérature moderne est devenue le signe.
Au carrefour des discours philosophiques, historiques et fictionnels sur la modernité, cet article entend arpenter la question – essentiellement littéraire – du regard de la contemporanéité, telle que posée par l’entreprise archéologique de Michel Foucault et récemment reprise par Giorgio Agamben. Après une démonstration qui soulèvera directement les diverses problématiques de cette question, seront étudiées leurs remédiations romanesques, grâce à une analyse comparée des romans d’apprentissage de la posture contemporaine que sont On tourne (1915) de Luigi Pirandello et Anicet ou le Panorama, roman (1921) de Louis Aragon. On verra en quoi la réflexion formelle sur la littérature en tant que question posée à la modernité est inséparable d’une réflexion théorique et historique sur ses conditions et ses effets.
L’idée que je voudrais essayer d’explorer est la suivante: les éléments paratextuels ont une fonction de seuil entre le hors-texte et le texte; par ce biais, ils nous permettent aussi le passage entre le niveau extradiégétique et le niveau diégétique, et, finalement, dans le cas de la littérature, entre réalité et fiction. Si ce modèle est assez défini dans le cas de l’édition papier, l’espace numérique a tendance à le rendre de plus en plus flou. Dans le Web, tout est texte et/ou paratexte; le même élément textuel (une adresse URL, par exemple) peut servir pour déclarer un passage à la fiction ou pour nous faire acheter quelque chose sur un site de ventes en ligne, ou encore pour regarder la météo ou pour gérer notre compte en banque.
This article discusses the relationship between digital humanities and disciplinary boundaries in the last decade, primarily in the context of the national project Synergies. It offers first an overview of Synergies as a concrete example of the way technological change impacts the very notion of disciplines by trying to create a platform that was interdisciplinary by nature, then discusses the creation of a new Digital Humanities centre in Québec—Le Centre de recherche interuniversitaire sur les humanités numériques – and the ways it was conceived as encompassing a range of disciplinary approach.
Depuis quelque temps déjà, le bruit court que nous serions entrés dans « l'ère du virtuel», sans que l'on sache très bien ce qu'une telle expression signifie - et qui, d'ailleurs, cache une grande confusion avec l'avènement des nouvelles technologies numériques. Si, incontestablement, l'outil numérique aura marqué le tournant du XXIe siècle, la révolution souvent promise se traduit par davantage de permanences que de ruptures: c'est ainsi que, dans le champ de la photographie, on n'en finit plus d'attendre la disparition définitive de l'argentique, dont la mort est sans cesse reprogrammée. [...]
"Théâtre et intermédialité propose une première application en français, à grande échelle et sur des objets variés – analyses de spectacles, modes de production, discours théoriques – des concepts intermédiaux, ou de concepts repris par l'intermédialité, à l’univers du théâtre. Si les études intermédiales, qui sont nées dans le sillage de la « révolution numérique », ont à peine trente ans, les processus qu’elles contribuent à mettre au jour remontent bien au-delà de cette dernière vague technologique majeure. Le théâtre en offre une très bonne illustration. Art deux fois millénaire, le théâtre est l’une des pratiques intermédiales les plus anciennes et les plus connues. L’intermédialité désigne à la fois un objet, une dynamique et une approche. Comme objet, elle concerne les relations complexes, foisonnantes, instables, polymorphes entre les médias. Cela touche autant des valeurs, des protocoles, des savoirs que des technologies qui passent ainsi, selon les modalités les plus diverses, d’un contexte médial à un autre. Comme dynamique, l’intermédialité est ce qui permet l’évolution, la création et le repositionnement continuel des médias, parfois aussi leur disparition : la dynamique intermédiale produit aussi des résidus (qu’on pense à la machine à écrire). Il découle de cela la nécessité d’une approche originale susceptible de mieux comprendre cet objet et cette dynamique. Les dix-neuf articles de cet ouvrage, en même temps qu’ils explorent le théâtre selon une perspective intermédiale, montrent bien la diversité des phénomènes intermédiaux et des approches qu’on peut en avoir au théâtre comme dans d’autres pratiques."-- Page 4 de la couverture.
On imagine mal aujourd'hui un « spectacle » théâtral qui ne recourrait pas aux technologies de reproduction du son, c'est-à-dire à des « projections » sonores. Ce qui est aujourd'hui la règle était pourtant l'exception il y a moins d'un demi-siècle. Cette anecdote soulève des questions qui sont au coeur de la réflexion intermédiale : la place de la technologie et sa « naturalisation », le rôle des dispositifs, l'agentivité des « usagers », les rapports entre médias et médiations, l'institutionnalisation des pratiques médiatiques, etc. [...]
It is from within these protean constructions of sound and sense that I want to begin this listening of Mac Low’s 1971 performance at Sir George Williams University (SGWU) in Montreal. The earliest recording of a performance presently available by the American poet, composer, and multimedia performance artist, the 1971 phonotext presents an entirely undocumented mode of Mac Lowian composition. No other recording of Mac Low captures the breadth of his compositions from the mid-1950s through to the early 1970s, and no other presents his extensive use of phonotextual materials in performance. In this essay, I trace out these undocumented aspects of Mac Low’s phonopoetics through a close listening of the performance that always keeps in mind the wider contexts in and through which these compositions make noise. Here, I pursue the ways in which Mac Low’s sonic architectures resonate aspects of his moment’s soundscape – of the Vietnam War, counter-cultures, mass protests and mass media – as he performs a “critical remixing” of his own personal archive of sounds.
Poetic forms emerge out of public contexts of language, as response, as confrontation. The emergent contexts of forms more traditionally situated within poetic practice have been explored and described widely—for example, the metrical devices of Ancient Greek verse as mnemonic aids for the oral circulation of information across space, and the sestina’s repetitive structure that allowed one to showcase both craft and improvisation during feasts or gatherings.
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