Légitimation des contenus

Éditer le chapeau

Il y a encore vingt ans, la fonction auctoriale était singulièrement attachée au dispositif éditorial et à l’objet livre, sur la couverture duquel trône traditionnellement le nom de l’auteur. En proposant à l’écrivain de nouveaux outils d’écriture et de publication, les nouvelles technologies ont définitivement affecté les modes de production et de présentation historiques de l’auteur. Désormais, l’accès au contenu littéraire ou scientifique dépend d’abord de l’ensemble des dispositifs d’éditorialisation – en d’autres termes, de tout ce qui entoure ce contenu : les plateformes avec leur ergonomie et leur graphisme, les liens, les métadonnées qui permettent le référencement et l’indexation, etc. Cet axe s'intéresse à la question des mutations de la fonction auctoriale – en d'autres termes, au problème de la légitimation des contenus dans les dispositifs éditoriaux numériques.

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Marcello Vitali-Rosati, « Les algorithmes de l’amour », MuseMedusa, 2014.

Les sites de rencontres – en anglais Online dating systems – ont, depuis plusieurs années, acquis une place centrale dans nos pratiques sociales. Comment analyser ce phénomène? Comment le comprendre? La question n’est pas tant de savoir si les sites de rencontres donnent ou non lieu à de «vraies» rencontres, mais plutôt sur quels types de valeurs ils se basent et quelles valeurs ils produisent. En d’autres mots, il est nécessaire d’essayer de comprendre l’idée d’amour telle qu’elle est proposée par ces services. Je me concentrerai ici sur les sites qui sont explicitement axés sur l’idée d’amour : l’objectif de ces plateformes est de rendre possible une rencontre à partir de laquelle pourra naître une relation amoureuse durable. Dans cet article j’essaierai de comprendre quelle conception de l’amour se cache derrière les règles des algorithmes de ces sites.

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Marcello Vitali-Rosati, « Les revues littéraires en ligne : entre éditorialisation et réseaux d’intelligences », Études françaises, vol. 50 / 3, 2014, p. 83.

Cet article propose un état des lieux sur les revues littéraires numériques. Cette tâche pourrait sembler facile si l’on considère que ces expériences existent depuis très peu de temps. Les premières revues en ligne apparaissent, en effet, au début des années 1990. Pourtant, la question est beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait penser, et cela, pour une série de raisons qui seront analysées dans cet article. Il n’est tout d’abord pas évident de s’entendre sur ce que l’on définit par l’expression « revue littéraire numérique ». D’une part car on fait référence, avec le mot « numérique », à une série d’expériences et de pratiques hétérogènes et différentes qui peuvent difficilement être regroupées ensemble. D’autre part parce que ce qu’on appelle désormais la « révolution numérique » a déterminé des changements importants quant au sens des contenus, de leur production, de leur validation et de leur distribution et a par conséquent fortement affecté la signification du mot « revue » lui-même. Il faudra ainsi prendre séparément en considération une série de phénomènes différents et essayer de rendre compte de pratiques hétérogènes qui se chevauchent et empiètent l’une sur l’autre. L’article proposera d’abord une analyse des enjeux de la numérisation des revues, à savoir le processus de transposition des revues papier au format électronique. Il s’attaquera ensuite aux expériences des revues numériques dès leur création pour comprendre s’il y a une différence, et laquelle, entre les premières et les secondes. Pour finir, on tentera de comprendre en quoi le numérique en tant que phénomène culturel — et en particulier les changements de diffusion et de circulation des contenus ainsi que les différentes formes de ce que l’on appelle désormais « éditorialisation » — a transformé l’idée même de revue et donné lieu à des pratiques et à des expériences complexes et hybrides dont la place dans le panorama culturel est difficile à saisir.

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Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, « Introduction », in Michael E. Sinatra, Marcello Vitali Rosati, (éds.). Pratiques de l’édition numérique, éds. Michael E. Sinatra et Marcello Vitali Rosati, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, (« Parcours Numériques »), p. 7‑11.

Ce que nous sommes, en tant qu’êtres humains et en tant que sociétés, est profondément façonné par les formes de production et de circulation du savoir : comprendre ces formes, être capable de les analyser et d’en repérer les enjeux, n’est pas qu’une question de compétences techniques ou disciplinaires, c’est en fait la clé pour avoir une prise sur notre monde. Le numérique a engendré une transformation profonde des modèles de production et de circulation des contenus que nous connaissons depuis le XVIIIe siècle. Le web, en particulier, a déterminé un bouleversement majeur du sens même des contenus : nous étions dans une économie de la rareté, nous sommes aujourd’hui dans une surabondance d’informations. [...]

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Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, « Histoire des humanités numériques », in Michael E. Sinatra, Marcello Vitali Rosati, (éds.). Pratiques de l’édition numérique, éds. Michael E. Sinatra et Marcello Vitali Rosati, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, (« Parcours Numériques »), p. 49‑60.

Parallèlement à l’histoire du développement d’Internet et du web, une autre histoire est fondamentale pour comprendre les enjeux de l’édition numérique : celle des humanités numériques. Il y a encore quelques décennies, on pouvait penser que les ordinateurs et les technologies numériques étaient destinés uniquement aux sciences dures, les sciences exactes dont le calcul et les mathématiques sont les principaux outils. Cette idée est manifestement fausse aujourd’hui : le numérique habite l’ensemble de nos vies et touche aussi, et surtout, à nos activités purement « humanistes », ou même « humaines ». Ce chapitre a pour ambition de retracer l’histoire du rapport complexe entre les sciences humaines et l’informatique qui a mené des premières expériences de recherche assistée par ordinateur, dans le domaine des sciences humaines (humanities computing), aux actuelles digital humanities, ou à un possible humanisme numérique.

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Marcello Vitali-Rosati, « Digital Paratext. Editorialization and the very death of the author », in Examining Paratextual Theory and its Applications in Digital Culture, IGI Global, Hershey, Nadine Desrochers and Daniel Apollon, 2014, p. 110‑127.

As shown by different scholars, the idea of “author” is not absolute or necessary. On the contrary, it came to life as an answer to the very practical needs of an emerging print technology in search of an economic model of its own. In this context, and according to the criticism of the notion of “author” made during the 1960–70s (in particular by Barthes and Foucault), it would only be natural to consider the idea of the author being dead as a global claim accepted by all scholars. Yet this is not the case, because, as Rose suggests, the idea of “author” and the derived notion of copyright are still too important in our culture to be abandoned. But why such an attachment to the idea of “author”? The hypothesis on which this chapter is based is that the theory of the death of the author—developed in texts such as What is an Author? by Michel Foucault and The Death of the Author by Roland Barthes—did not provide the conditions for a shift towards a world without authors because of its inherent lack of concrete editorial practices different from the existing ones. In recent years, the birth and diffusion of the Web have allowed the concrete development of a different way of interpreting the authorial function, thanks to new editorial practices—which will be named “editorialization devices” in this chapter. Thus, what was inconceivable for Rose in 1993 is possible today because of the emergence of digital technology—and in particular, the Web.

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Pratiques de l’édition numérique, éds. Michael E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, 219 p., (« Parcours Numériques »).

L’apparition du numérique a entraîné ces dernières années une transformation profonde des modèles de production et de circulation des livres, qui ont peu changé depuis le XVIIIe siècle. Le web, en particulier, a provoqué une remise en question du sens même du partage des connaissances : d’une économie de la rareté, nous sommes passés à la surabondance. Auparavant, une poignée d’institutions centralisatrices, privées et publiques, étaient garantes du choix, de l’évaluation et de la distribution des contenus ; aujourd’hui, il n’y a plus de systèmes de légitimation, ou alors ils sont déstructurés. Après avoir fait le constat de la crise de ces modèles et de la difficulté d’en proposer de nouveaux, ce livre présente les enjeux et les défis complexes du nouveau monde de l’édition numérique.

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Marcello Vitali-Rosati, « Perceptibilité du virtuel et virtualisation de la perception », in Alain Mons, (éd.). La transition du perçu à l’ère des communications, éd. Alain Mons, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2013, p. 191‑206.

Perception et virtuel; les deux termes qui composent le titre de ces pages peuvent sembler dans un premier temps les membres d'une opposition ne trouvant aucune synthèse. D'une part il y aurait la matérialité concrète de la perception, clé de tout rapport que nous pouvons avoir avec le monde; de l'autre l'abstraction, l'immatérialité, la fatuité du virtuel. On pourrait penser que si la perception rend touchable l'intouchable, le virtuel, tout au contraire, rend intouchable le touchable. Mais à bien considérer ces deux termes, s'ils sont membres d'une polarité, ils le sont à la façon de deux aimants qui se repoussent d'un côté, et s'attirent de l'autre. Le but de mon discours sera de jouer avec ces deux mots afin d'approfondir leur structure et de prendre en compte leurs croisements, leurs entrelacements, leur chiasme.

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Marcello Vitali-Rosati, « Quelles actions sur le web ? », in Gilles Rouet, (éd.). Usages de l’Internet, éducation et culture, éd. Gilles Rouet, Paris, L’Harmattan, 2013, (« Local et global »), p. 17‑25.

Le web est un espace d'action. Cette affirmation pose tout de suite une série de questions : en premier lieu, quelles sont les actions sur le web? On pourrait, en effet, être tenté de considérer le web comme un simple outil de communication : le web serait un média comme la radio, les journaux ou la télévision, mais un peu plus complexe techniquement et, en plus, caractérisé par le fait que la communication est bidirectionnelle - à savoir, chaque récepteur est aussi un émetteur. [...]

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Marcello Vitali-Rosati, « Auteur ou acteur du web ? », Implications philosophiques, juillet 2012.

Le web est un espace d’action. Cette affirmation, qui sera la thèse fondamentale de ces pages, pose tout de suite une série de questions. En premier lieu, quelles sont les actions sur le web ? Ensuite, qui est l’acteur ? Parle-t-on d’acteurs ou d’auteurs ? Je ne pourrais prétendre donner ici une réponse à ces questions ; l’ambition de cet article se limite à en illustrer les enjeux pour approfondir la compréhension de notre monde numérique.

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Marcello Vitali-Rosati, « Voir l’invisible : Gygès et la pornographie Facebook », Sens Public, juin 2012.

Qu’est-ce qu’une identité virtuelle ? Quel est le rapport entre l’usager et son "profil" - par exemple son profil Facebook ? Et encore, qu’est-ce que l’espace du web et quel est son rapport avec l’espace où nous vivons ? Utilisant la notion foucauldienne d’hétérotopie, cet article cherche à ouvrir des pistes de recherches pour mieux comprendre les enjeux des identités numériques.

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