Production des contenus

Éditer le chapeau

Si l’édition numérique est devenue un atout majeur pour la production des textes, elle lance cependant de nouveaux défis techniques à la littérature comme à la recherche, alors même que l’ensemble du processus d'écriture et de création est entièrement remodelé. Des changements significatifs sont à l'oeuvre dans les dispositifs éditoriaux contemporains, et les nouvelles technologies entraînent des mutations culturelles majeures. Le livre a en effet été, pendant plusieurs siècles, le principal support de diffusion des contenus littéraires et savants. Or le numérique se présente comme un nouvel environnement-support qui reconfigure la façon dont ces contenus sont produits, sont mis en forme et circulent. Cet axe de recherche analyse ces mutations à l'oeuvre tout en proposant des outils de production des contenus littéraires et savants.

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Élisabeth Routhier, « Performativité et éthique de la remédiation dans Dora Bruder, de Patrick Modiano », Itinéraires, avril 2017.

La disparition est-elle un événement ? Une fin ? Une figure ? Chez l’écrivain français Patrick Modiano, il semble qu’elle prenne plutôt la forme d’une invitation, d’un point de départ pour une écriture-quête se faufilant dans les mailles de la médiation. Le lien inextricable entre la disparition et la médiation est effectivement à la base de cette analyse de Dora Bruder, roman dont l’ouverture est particulièrement riche pour penser le geste d’écriture d’un point de vue intermédial. Après avoir présenté Dora Bruder comme l’espace d’une écriture-quête performative qui répond à un désir d’immédiateté, j’exposerai certains dispositifs traduisant une éthique de la remédiation. La question de la mémoire, inévitable, traverse à la fois l’écriture de Modiano et la mienne. Une mémoire protéiforme et dynamisée par l’auteur-narrateur.

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Marcello Vitali-Rosati et Servanne Monjour, « Littérature et production de l’espace à l’ère numérique. L’éditorialisation de la Transcanadienne. Du spatial turn à Google maps », @nalyses, vol. 12 / 3, août 2017, p. 198‑229.

À l’heure où l’espace que nous habitons est de plus en plus façonné par les outils numériques, pouvons-nous le façonner en l’éditorialisant ? La littérature peut-elle constituer un outil de production de l’espace ? Peut-elle nous permettre de nous réapproprier les lieux et les territoires en apparence dépossédés de toute valeur littéraire par les géants de l'information ? Pour le savoir, l’équipe de la Chaire de recherche du Canada sur les Écritures numériques a mis en place en 2015 un projet de recherche-action le long de l'autoroute transcanadienne. Cette route mythique qui traverse le Canada d’un océan à l’autre a en effet donné lieu à une large série de productions médiatiques : des images, des vidéos, des cartes, des textes d’histoire, des données numériques, mais aussi des récits littéraires. C’est ainsi que des infrastructures comme l’autoroute, les motels, se mêlent au discours et à l’imaginaire pour construire l'espace. Afin d’étudier cet espace hybride, nous avons entrepris de sillonner nous-mêmes l’autoroute transcanadienne dans un voyage qui nous a menés de Montréal à Calgary. Nous avons rendu compte en temps réel de notre road-trip sur différents réseaux sociaux, de manière à comprendre comment la littérature participe à la production de l'espace à l'ère du numérique en proposant différentes stratégies d'éditorialisation.

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Marcello Vitali-Rosati, « Littérature papier et littérature numérique, une opposition ? », Fabula. Colloques en ligne, février 2017.

Est-ce que les technologies numériques changent la littérature? Peut-on parler d’une “littérature numérique”? Y a-t-il une opposition entre la littérature papier et la littérature numérique? Pour répondre à ces questions, nous pouvons jouer deux cartes contradictoires: celle de la continuité ou celle de la rupture. La première carte nous pousserait à dire qu’il n’existe aucune opposition entre ces deux formes de littérature car, dans les faits, il n’y a que des pratiques qui s’inscrivent toujours dans une continuité. De fait, l’opposition relèverait d’une essentialisation abusive d’une série de pratiques qui ne peuvent ni doivent être essentialisées. La seconde carte nous porterait à affirmer qu’au contraire il y a des différences fondamentales dans les pratiques d’écriture, dans les modèles de diffusion et de réception, dans les formats, dans les supports, etc. Dans ce cas, si l’on veut comprendre ces différences, il est nécessaire de distinguer précisément les deux univers papier et numérique. [...]

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Chloé Savoie-Bernard et Jean-François Thériault, « Ouvrir le livre et voir l’écran : pratiques littéraires et pratiques numériques », Sens Public, décembre 2016.

Ce dossier s’intéresse à la manière dont s’entrelacent littérature et numérique dans la littérature contemporaine. Puisque le numérique teinte l’ensemble des pratiques humaines, la littérature fait partie des lieux qu’elle investit. Ainsi, la question autour de laquelle s’articulent les textes de ce dossier est donc la suivante : comment pratiques littéraires et pratiques numériques peuvent-elles dialoguer aujourd’hui, et que peut-on dire des interactions qui découlent de ces échanges ? Il ne s’agit pas d’affirmer que toute la production littéraire contemporaine développe un discours sur le numérique, mais bien que les nouvelles possibilités de lecture et d’analyse qui nous sont offertes méritent d’être analysées et mises à l’épreuve.

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Servanne Monjour, Marcello Vitali-Rosati et Gérard Wormser, « Le fait littéraire au temps du numérique. Pour une ontologie de l’imaginaire », Sens Public, décembre 2016.

Souvent conçues comme le vecteur de changements majeurs, les pratiques numériques constituent une occasion de mieux comprendre le fait littéraire en faisant apparaître de manière plus explicite que jamais des aspects ontologiques qui, en tant que tels, ont une valeur atemporelle. En particulier, et c’est l’objet de cet article, le fait numérique donne l’occasion de réinvestir une problématique qui parcourt l’ensemble de la réflexion sur le statut de la littérature depuis Platon et Aristote : celle du rapport entre littérature et réalité, dont Sartre et Derrida avaient déjà œuvré à déconstruire l’opposition au XXe siècle. Selon nous, le numérique souligne l’absence de séparation entre symbolique et non-symbolique, nous empêchant de penser une rupture entre imaginaire et réel. Pour rendre compte de cette structure, nous nous appuierons sur le concept d’éditorialisation, qui vient désigner l’ensemble des dispositifs permettant la production de contenus dans l’espace numérique en tenant compte de la fusion entre espace numérique et espace non numérique. À travers des exemples littéraires – Traque Traces de Cécile Portier et Laisse venir d’Anne Savelli et Pierre Ménard – nous démontrerons comment la littérature participe aujourd’hui à l’éditorialisation du monde, enterrant ainsi définitivement le dualisme imaginaire-réel pour lui préférer une structure anamorphique.

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Marcello Vitali-Rosati, « Éditorialisation », in Gilles Rouet, (éd.). 100 notions. Management et numérique, éd. Gilles Rouet, Paris, Les éditions de l’immatériel, 2017, (« 100 notions »), p. 102‑104.

L'éditorialisation désigne l'ensemble des dynamiques qui produisent et structurent l'espace numérique. Ces dynamiques sont les interactions des actions individuelles et collectives avec un environnement numérique particulier.

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