Éditorialisation
Éditer le chapeau
L’apparition du numérique a entraîné ces dernières années une transformation profonde des modèles de production et de circulation des livres, qui ont peu changé depuis le XVIIIe siècle. Le web, en particulier, a provoqué une remise en question du sens même du partage des connaissances : d’une économie de la rareté, nous sommes passés à la surabondance. Auparavant, une poignée d’institutions centralisatrices, privées et publiques, étaient garantes du choix, de l’évaluation et de la distribution des contenus ; aujourd’hui, il n’y a plus de systèmes de légitimation, ou alors ils sont déstructurés. Après avoir fait le constat de la crise de ces modèles et de la difficulté d’en proposer de nouveaux, ce livre présente les enjeux et les défis complexes du nouveau monde de l’édition numérique.
Perception et virtuel; les deux termes qui composent le titre de ces pages peuvent sembler dans un premier temps les membres d'une opposition ne trouvant aucune synthèse. D'une part il y aurait la matérialité concrète de la perception, clé de tout rapport que nous pouvons avoir avec le monde; de l'autre l'abstraction, l'immatérialité, la fatuité du virtuel. On pourrait penser que si la perception rend touchable l'intouchable, le virtuel, tout au contraire, rend intouchable le touchable. Mais à bien considérer ces deux termes, s'ils sont membres d'une polarité, ils le sont à la façon de deux aimants qui se repoussent d'un côté, et s'attirent de l'autre. Le but de mon discours sera de jouer avec ces deux mots afin d'approfondir leur structure et de prendre en compte leurs croisements, leurs entrelacements, leur chiasme.
Le web est un espace d'action. Cette affirmation pose tout de suite une série de questions : en premier lieu, quelles sont les actions sur le web? On pourrait, en effet, être tenté de considérer le web comme un simple outil de communication : le web serait un média comme la radio, les journaux ou la télévision, mais un peu plus complexe techniquement et, en plus, caractérisé par le fait que la communication est bidirectionnelle - à savoir, chaque récepteur est aussi un émetteur. [...]
Le web est un espace d’action. Cette affirmation, qui sera la thèse fondamentale de ces pages, pose tout de suite une série de questions. En premier lieu, quelles sont les actions sur le web ? Ensuite, qui est l’acteur ? Parle-t-on d’acteurs ou d’auteurs ? Je ne pourrais prétendre donner ici une réponse à ces questions ; l’ambition de cet article se limite à en illustrer les enjeux pour approfondir la compréhension de notre monde numérique.
Un rêve, plus ou moins explicite, hante nos esprits depuis plusieurs millénaires. On le retrouve ci et là dans les listes égyptiennes, dans les catalogues aristotéliciens, dans le règles mnémotechniques des néoplatoniciens florentins de la renaissance, dans les constructions mathématiques de Leibniz, dans les affirmations des grands noms du web : le monde est constitué d’une masse énorme d’informations, dont la connaissance et l’exploitation permettrait la maîtrise quasi-totale. Il serait alors possible de tout savoir, de tout prévoir, de tout faire. Mais deux limites, proprement humaines, empêchent la détention et l’exploitation de cette globalité d’informations : l’accessibilité et la calculabilité.
Dans son dernier livre, Dominique Cardon analyse de quelle manière Internet change les structures de la démocratie participative. Internet ne favorise pas une vision politique plutôt qu’une autre, mais bien plutôt bouleverse les formes mêmes du politique. En clarifiant plusieurs aspects de l’Internet et en articulant une série complexe et hétérogène de pratiques nouvelles, l’auteur prend ainsi en compte la valeur procédurale des pratiques liées à Internet pour comprendre comment les usages ont déterminé des nouvelles formes de participation.
Depuis plusieurs années le mot « virtuel » est utilisé pour caractériser des pratiques quotidiennes liées à l’emploi des nouvelles technologies et en particulier d’internet. Mais qu’est-ce qui est virtuel en internet ? Pour répondre à cette question il faut d’abord remonter aux racines philosophiques de ce mot et essayer d’éclaircir sa signification. C’est la tentative proposée dans cette article.
Le discours qui sera proposé dans ces pages relève d'une idée particulière de ce que signifie « théorie ». Ma façon d'aborder la notion de « virtuel » n'est pas neutre; je commencerai par une précision sur le titre de ce texte et, en particulier, sur le mot « resémantiser », sur lequel se fonde mon approche théorique. [...]
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