Servanne Monjour, « Dibutade 2.0 : la « femme-auteur » à l’ère du numérique », Sens Public, septembre 2015.
Prenant le parti d’étudier la culture numérique émergente selon des rapports de continuité plutôt que de rupture, cet article envisage la question de l’auctorialité féminine sur le web au regard du mythe antique de Dibutade. Il semble en effet que Dibutade, en sa qualité de figure fondatrice de nombreuses pratiques artistiques, nous permet de porter un éclairage tout à fait intéressant sur la façon dont certaines bloggeuses affirment leur statut de femme auteur, jouant rôle majeur et moteur dans l’émergence et la reconnaissance d’une littérature numérique (conçue en ligne, publiée en ligne). Les analyses conduites dans cet article entendent souligner le potentiel esthétique de certaines pratiques d’écriture en ligne souvent ignorées par les études littéraires : les profils Facebook, les blogues érotiques voire pornographiques.
Thomas Carrier-Lafleur, « Archéologies de soi et marges de la modernité. L’écriture de l’enfance dans Du côté de chez Swann et Mort à crédit », @nalyses, vol. 10 / 3, septembre 2015, p. 247‑275.
À partir des œuvres thématiquement et chronologiquement rapprochées que sont Du côté de chez Swann et Mort à crédit, le présent article tente de conjuguer la dimension autobiographique de l’écriture de l’enfance avec la découverte du monde moderne, que le roman orchestre alors même qu’il la met en crise. Le point de départ et le fil rouge de cette réflexion sont à trouver dans les théories littéraires de l’archéologie philosophique de Foucault, pour qui la littérature représente une redistribution des signes de la société ainsi qu’une marge dans laquelle l’ordre de l’histoire vient s’échouer et se redistribuer. Chez Proust comme chez Céline, la naïveté propre à l’enfance est réinvestie d’une primitivité critique qui permet une reprise réflexive de l’existence et de l’écriture.