Le fait numérique a été pensé et interprété pendant des dizaines d’années dans diverses perspectives disciplinaires : des media studies aux sciences de l’information et de la communication, en passant par la sociologie, la psychologie, les sciences politiques, etc. Cela n’est pas surprenant dès que l’on considère – avec Milad Doueihi – que le « numérique » peut être pensé comme un phénomène culturel au sens large, touchant à l’ensemble de nos vies et remettant en cause la totalité de nos catégories conceptuelles. L’expression « humanités numériques » peut en quelque sorte servir à signifier cette universalité du fait numérique : il est question de ce que devient l’humanité à l’époque du numérique. La même universalité est ce qu’aspire à prendre en compte une approche philosophique : au-delà de toute spécificité disciplinaire, le questionnement philosophique vise à comprendre un phénomène ou un fait dans l’ensemble de ses implications. Cet article a l’ambition de partir du concept d’éditorialisation pour proposer une théorie philosophique du monde à l’époque du numérique. Une philosophie, donc, non pas « du numérique », car l’objet de la philosophie ne peut qu’être universel, mais plutôt une philosophie « à l’époque du numérique ».
Désolidarisée de la position fixe de l’ordinateur du bureau, la connexion devenue hyper est non seulement intégrée à l’espace urbain et à ses structures, mais se fait désormais par l’intermédiaire des dispositifs mobiles que nous avons avec – et sur – nous à tout moment et à tout endroit. Ce texte étudie la condition hyperconnectée sous l’angle de la mobilité, de la littérature numérique et de l’espace urbain. En analysant deux projets littéraires portant sur le rapport entre images de la ville et hyperconnexion, Les lignes de désir (2016) de l’écrivain français Pierre Ménard et le chantier collaboratif montréalais Dérives (2010-), il pousse à réfléchir à certains changements que les technologies numériques apportent à la ville, ainsi qu’à la manière dont la littérature peut s’emparer de ces dernières afin de produire de nouveaux imaginaires spatiaux.
Résumé : L’écriture et l’édition scientifiques en contexte numérique sont relativement peu interrogées ou remises en cause. Quelques outils, qui...
Née dans le sillage de la « grande conversion numérique », la réflexion intermédiale traite de phénomènes qui remontent bien au-delà des années 1980. Mais si la réflexion intermédiale est relativement récente, les dynamiques intermédiales qu’elle met au jour sont, quant à elles, plus que millénaires. L’apport majeur de la réflexion intermédiale est donc d’ouvrir des perspectives radicalement nouvelles sur des problématiques qui occupent, parfois depuis très longtemps, la pensée occidentale. C’est à un aspect de ces dynamiques que nous consacrons le présent dossier en nous interrogeant sur les notions clés de reproduction et de présence dans ces conjonctures médiatrices singulières que sont les pratiques représentationnelles. Nous le faisons en tentant de sortir des cadres réflexifs habituels. D’où ce titre : « Authentique artifice ».
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