#dérive : lire Montréal

Par ses expérimentations numériques, la littérature urbaine permet une appréhension kaléidoscopique et polyphonique de l’espace. Cette pratique scripturale de l’espace, essentielle dans les narrations vidéoludiques, rend également le médium, par son éclatement entre les lieux de lecture, intimement spatial. Je souhaite étudier comment la dérive, comme pratique littéraire urbaine numérique, engendre une lecture de l’espace. Pour cela, je vais étudier l’œuvre twittéraire collective montréalaise #dérive (2010, en cours) en la confrontant aux figures de lecture développées par Bertrand Gervais (2007). Cette œuvre fragmentaire construit une anthologie permanente de la ville par son exploration aléatoire et ludique, actualisant la figure du museur. Son écriture (figure du scribe), tant textuelle que photographique et en étroite collaboration avec des liens hypertextes et des mots-clics – indiquant l’appartenance du billet au projet et le lieu précis qui en fait l’objet – donne une matérialité à cette perdition. Par sa lecture, l’œuvre #dérive apporte une compréhension collective d’expériences urbaines pourtant personnelles, permettant la construction de significations complexes (figure de l’interprète). En s’ajoutant et se superposant, ces perceptions particulières, poétiques, plus ou moins narratives, apportent une transcription infraordinaire de la ville à travers le temps, archivant ainsi un texte urbain en perpétuelle réécriture.