Communication « Textapes et profil numérique. Analyse de l’œuvre transmédiale Les Textapes d’Alice »
Les Textapes d’Alice est une web-série française diffusée en 2015 adaptée à l’origine d’un Tumblr du même nom, à 98% autobiographique, créé par Angela Soupe et retrace le parcours amoureux d’une jeune femme, Alice, au fil des types de relation et des sites de rencontres. Constituée de 12 épisodes au même format qu’un post de blog (la rapidité des 5 minutes), la série navigue entre scène de portrait de l’entourage de l’héroïne (sans que cette dernière ne nous soit jamais montrée) et libertés éditoriales dont l’inscrustation à l’écran d’environnements numériques de lecture et d’écriture (SMS, blog, applications de rencontres). Ce choix éditorial d’une hybridité de l’écran (espace d’image et d’écriture) fait écho au slogan général de la création : “L’amour c’était déjà compliqué avant, depuis internet c’est pire”. C’est autour de cette problématique de la relation 2.0 que se noue la narration par une réflexion contemporaine sur l’implication des médias numériques dans nos vies privées. L’évolution d’Alice, entre jeu d’identité sur les applications de rencontre et chassé-croisés de séduction par textos envoyés, résonne avec la réflexion sur les écritures profilaires (Monjour 2015, 2017; Vitali-Rosati et al. 2018). La transmédialité rejouée dans l’adaptation au grand écran performe l’éclatement médiatiques de nos relations : comment rencontrons-nous amoureusement l’autre par le flux des écritures numériques ? Qui rencontrons-nous et quel profil de nous s’établit dans la rencontre numérique ? Je souhaite adresser ces questions dans le cadre d’une analyse des Textapes d’Alice en lien avec les études intermédiales (Kittler 1990, 1999; McLuhan 2010; Hayles 2012; Larrue et Vitali-Rosati 2019), et le nouveau matérialisme (Barad 2007).