Journée d'étude « Présent(s) de la science-fiction : évolution et diversification du genre à l'époque contemporaine »

La science-fiction envisage les futurs possibles, il est donc tout naturel qu’elle questionne également les évolutions linguistiques de ces mondes possibles. Si nous pouvons considérer les évolutions sociétales et linguistiques comme des prolongements et des systèmes interdynamiques, il devient évident que la linguistique peut tenir une place fondamentale dans les écrits de SF (Landragin 2018, 2020).

Les questions linguistiques agitent déjà nos actualités et nos manières de nous situer les un.e.s par rapport aux autres. Ces dernières années ont vu l’expansion de l’écriture inclusive et la visibilité des questionnements sur les genres dans la langue, notamment française : comment ne pas être dans un rapport sexiste si même les nominations sous-entendent que le féminin n’existe pas ?

Qu’en serait-il si ce rapport était renversé ? Si la société était sexiste… dans l’autre sens ? C’est le postulat du roman Chroniques du pays des mères d’Elisabeth Vonarburg, à travers lequel je voudrais étudier comment la linguistique peut être un outil de constitution d’univers, un « show don’t tell » à part entière de la littérature. L’expression tant des personnages que des narrateur.ice.s et ce que cette dernière induit permettra d’éclairer une façon de raconter et de représenter une société globale, miroir de la nôtre, ne pouvant penser en dehors de son système d’énonciation.

Le.a lecteur.ice perçoit alors l’univers non plus uniquement à travers son propre système linguistique, mais en mesurant l’écart avec cette langue employée (pourtant, ici, il s’agit bien de français normatif, sans même de québécismes) adaptée à la réalité de cette société autre. La langue étant au cœur de la construction autant des mythes que de la représentation historique de cette société vue par elle-même, il est nécessaire de comprendre ses évolutions possibles et ses usages pour saisir ses enjeux narratifs comme outil de construction et de consolidation d’un monde second.